Après la décision de la Commission européenne d’autoriser la culture d’une pomme de terre transgénique, les réactions n’ont pas manqué. Principe de précaution, craintes des OGM, intérêt économique et recherche stratégique se mêlent, 12 ans après la dernière autorisation d’un OGM en Europe. BASF, son créateur assure qu’Amflora ne servira pas à l’alimentation humaine, mais la présence d’un gène de résistance aux antibiotiques attise les inquiétudes… Retour sur une pomme (de terre) de discorde. Le 2 mars, la Commission européenne autorisait la culture de la pomme de terre transgénique Amflora à destination de l’industrie et de l’alimentation animale. Actuellement, trois Etats (Belgique, Italie et Autriche) ont fait part de leur opposition à cette culture. La France, quant à elle, réserve son jugement en attente de l’avis de son Haut Conseil des Biotechnologies. L’Efsa a notamment jugé que « lors de l’utilisation de plantes génétiquement modifiées (GM), il est peu probable que le transfert des deux gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques nptII et aadA à partir de plantes GM vers des bactéries engendre des effets indésirables sur la santé humaine et sur l’environnement. Les scientifiques ont en outre « conclu que les gènes de résistance aux antibiotiques nptII et aadA sont présents à des fréquences diverses dans différentes espèces ou souches de bactéries, et dans différents environnements ». La France, qui a marqué par le passé sa prudence vis-à-vis des OGM, a décidé de saisir son Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) avant d’arrêter sa position. Elle souhaite cependant « qu’il n’y ait plus d’autorisation d’OGM sans le renforcement de l’expertise scientifique communautaire, en application des conclusions adoptées à l’unanimité par les Etats membres lors du Conseil européen des ministres de l’Environnement du 4 décembre 2008 ». Cet amidon existe sous deux formes, l’amylopectine et l’amylose. Cet amidon rendrait le papier plus brillant, les textiles et le béton plus résistants aux outrages du temps. |
L’intérêt d’Amflora est de produire presque exclusivement cette amylopectine, et ce en grande quantité. Son utilisation élimine donc l’étape de séparation des deux sortes d’amidon, une opération consommatrice d’eau, d’énergie et d’argent. Le gène marqueur de résistance aux antibiotiques La pomme de terre OGM de BASF contient un gène de résistance aux antibiotiques. Pour s’assurer ensuite que l’insertion s’est bien déroulée et pour éliminer les organismes défectueux, on associe au gène ajouté un autre gène, dit marqueur, conférant une propriété qu'il sera facile de repérer. Ainsi, il suffit d’exposer les plants obtenus à un antibiotique pour ne conserver que ceux qui possèdent le nouveau gène et qui sont donc devenus résistants. Pour certains, cette méthode ne se justifie pas, notamment parce qu’il existe des alternatives pour produire de l’amylopectine à but industriel. |